REVUE DE PRESSE -18/05/2020
Pandémie, confinement et déconfinement nourrissent une émulation légitime dans la presse au quotidien, depuis début mars : un débat d’idées riche, qu’il nous est apparu nécessaire de relayer dans une nouvelle rubrique, intitulée REVUE DE PRESSE, pour la matériauthèque du projet « Cooper’actif, Habiter Ensemble Autrement demain ».
Cette première revue rassemble cinq articles, regards d’architectes, de philosophe et de géographes, couvrant les deux derniers mois, de début mars à début mai.
En jeu : mobiliser les jeunes (et les moins jeunes) à rêver demain moins individualistes et plus conscients des défis planétaires de solidarité, en citoyens du monde !
L’architecte Philippe RHAM propose en mars dans le quotidien AOC, « Coronavirus ou le retour à la normale », LIEN cette inversion du regard pour rappeler que la pandémie, remise en perspective sur le temps long, ne fait vivre que « ce qui a été le quotidien des êtres humains depuis la nuit des temps, à l’exception des cinquante dernières années ».
L’architecte Jacques FERRIER engage, dès le 25 mars dans la Tribune du Moniteur, la polémique sur la ville dense « La ville dense est au cœur de la crise sanitaire », qu’il approfondit dans son article de Métropolitiques du 27 avril « La ville dense a trahi ses habitants » LIEN, assertion à laquelle Mathias Navarro répond dans le forum lancé par le Pavillon de l’Arsenal ET DEMAIN, ON FAIT QUOI ? LIEN « Non, la ville dense n’a pas trahi ses habitants ».
Face au constat de « l’incapacité des villes à prendre soin de leurs habitants », Jacques FERRIER plaide pour un micro-urbanisme, « il faut repenser le modèle de nos villes, penser à échelle locale », il plaide pour la réhabilitation de « la compétence habitante » et pointe pour une nouvelle figure d’un « immeuble collectif, plus partageur, avec des espaces d’entre-deux, entre vie privée et vie communautaire, qui offrirait une dimension commune véritable ». Autant de propositions qui parlent à tous ceux qui veulent voir dans l’Habitat participatif une troisième voie pour le logement et une échelle intermédiaire entre le logement individuel et le quartier.
En mai, alors que s’annonce le déconfinement et que chacun cherche à mettre à profit la drôle d’expérience pour qu’elle soit utile au monde d’après, Luc GWIAZDZINSKI nous invite à penser la ville avec la qualité du regard avisé d’un géographe constructif, qui remet l’humain au cœur des territoires ; il rappelle que « c’est grâce aux hommes et aux femmes qui travaillent – et qui prennent des risques – dans les services que nos villes restent habitables. Dans son article « Cette crise nous invite à penser la ville des proximités », LIEN il pointe la créativité dans l’adaptation, comme celle des drives fermiers, mais en restant critique sur la dépendance à l’automobile, qui reste l’écueil premier de cette ville de demain. Il propose le concept de la ville du quart d’heure, invite à penser une ville malléable qui implique une approche temporelle, pour optimiser l’espace et conclue en invitant à prendre la mesure de ce que la pandémie a mis à l’épreuve, et de ce pourquoi il nous faut nous mobiliser : la ville du frottement, la ville de la rencontre.
Thierry PAQUOT dans son article publié le 4 mai dans Basta « Après le confinement, nous devrons reconfigurer aussi bien la ville que nos appartements » LIEN relie la pandémie au changement climatique, et remet la santé au cœur du débat avec une rétrospective sur les maladies qui ont conduit à la pensée de la ville hygiéniste ; il note en passant la simultanéité du désastre sanitaire de la ville et de l’agriculture productivistes. Il interroge la question de l’échelle, celle de la bonne taille pour une ville agréable, question présente chez les utopistes depuis Thomas Moore et question centrale des mouvements des villes en transition. Entre canicules et inondations, il invite à repenser les villes inadaptées « à la société de précarité qui se développe » et aussi les habitations, appelant plus de flexibilité car c’est l’articulation « travail-logements déplacements » qui est à reconfigurer. C’est en référence à la pensée d’Ivan Illich qu’il invite à questionner l’autonomie, à l’analyse critique de « la perte des communaux, de la dépréciation du vernaculaire » et à voir des pistes de solution se dessiner dans « la reconquête de sa propre autonomie » à laquelle la crise a peut-être responsabilisé chacun.
Le déconfinement n’était pas encore commencé en France, que Charles-Elie GUZMAN, dans sa chronique du 7 mai, « Après le coronavirus, la canicule ? » LIEN sur UP Magazine, relativisait, presque comme un épiphénomène de l’histoire, la crainte du « méchant virus » pour le relativiser dans l’inexorable progression du réchauffement climatique… 41 degrés en Grèce au mois de Mai ! Il nous rappelle, à nous citoyens de la planète, que « un à trois milliards d’êtres humains risquent de subir d’ici trente ans une température insoutenable, impropre à la vie ».
Pour inviter à un optimisme « à la flamme fragile », il constate que la crise du Covid -19 a rappelé à l’échelle planétaire notre « communauté de destin » et peut être « fait entrevoir un horizon commun à toute l’humanité ».
Ce vivre ensemble, autrement demain, à horizon et échelle planétaire et cette invitation des auteurs à s’engager, se responsabiliser, se mobiliser trouve un écho dans le forum lancé par le Pavillon de l’Arsenal « ET DEMAIN ON FAIT QUOI ? » LIEN : déjà cent contributions alimentent la tribune !
Odile JACQUEMIN, Jean Louis PACITTO, Architectes urbanistes de MALTAE
18 mai 2020