ACTUALISATION DE LA MATERIAUTHEQUE
La matériauthèque du projet Cooper’actif fait l’objet d’une actualisation régulière, en phase avec l’actualité du projet et l’actualité des mouvements de l’habitat participatif en Europe. En 2020, elle s’associe à une lettre d’actualité périodique qui invite à la visite des nouveaux arrivés. L’actualité, telle qu’elle est conçue ici n’est pas de citer exclusivement les dernières parutions ; sortir de l’oubli les textes majeurs, fondateurs et les relier au-delà du temps est le but de cette plateforme.
Les références sont proposées comme autant de briques utiles à toute personne demandeuse de se documenter sur l’habitat coopératif, groupé, solidaire, autogéré, alternatif, militant, aujourd’hui rassemblé sous la dénomination d’« Habitat participatif » ou de « co-housing ».
Le sujet, nous l’avons vu, s’inscrit dans un contexte plus global qui concerne le thème vaste et complexe de l’Habiter, incontournable préalable pour engager la réflexion prospective sur un mieux vivre. Le sujet du projet Cooper’actif interpelle les questions de société du vivre ensemble, et de la transition vers un monde où il faudra bien habiter autrement.
Le projet Erasmus est d’abord un projet éducatif, qui concerne les jeunes citoyens européens, leurs enseignants, animateurs, formateurs : les sujets des apprentissages et de la jeunesse ne seront donc pas oubliés.
La matériauthèque se construit au fil du temps, agrégeant les apports de tous, au fur et à mesure et en fonction du déroulement des activités du projet.
A la différence d’une plateforme documentaire classique, universitaire, cette matériauthèque se fixe trois objectifs liés à la nature du projet :
1/ celui de collecter, recueillir, pour les partager, les ressources produites par les acteurs alternatifs, non institutionnels, des projets reconnus pour la créativité qui s’y exprime. La créativité comme moteur de l’innovation est une des valeurs fondamentales que le projet Cooper actif souhaite transmettre.
2/ celui d’être conçue pour être interactive et d’inviter le lecteur à devenir contributeur. La matériauthèque invite ses utilisateurs à coopérer en y apporter leurs propres pierres ou pépites ou graines, prêtes à germer, qu’il suffit de proposer avec une seule exigence, indiquer comment avoir accès au dit matériau. bien sur un médiateur assure de la bonne cohérence avec le sujet. Le fichier vierge EMC « Ensemble, Construisons la matériauthèque » est disponible à cet effet.
3/ Afin de répondre à l’objectif de donner envie de se promener d’un document à un autre, en écho à l’exergue du projet « Inviter à voyager, inciter à rêver, inspirer à agir », les présentations ont souhaité dépasser la sévérité de la simple note bibliographique. Elles sont personnalisées et commentées, pour faire sens avec le projet et partager des “coups de cœur”…
Conter plutôt que décompter : cette devise des « Pays d’art et d’histoire » est ici reprise pour permettre, avec l’abécédaire aléatoire qui s’enrichit au fil du projet, d’inviter à une promenade dans les mots, tel un itinéraire culturel virtuel dans le “bâtiment partagé” en construction et dont les bases se consolideront.
Un des usages en sera de passer des documents écrits les plus divers, articles, feuillets manuscrits ou livres édités, aux films ou aux documents sonores et sites. La feuille d’actualité ou newsletter, de la production en chantier tirera les fils de cet échafaudage, un à un ou en enchevêtrement. Une des prochaines fournées sera consacrée en partie au jeune public.
Actualités de MARS – AVRIL 2020
La pandémie a touché le monde entier, l’Europe et le projet « Cooper’actif, Habiter Ensemble autrement demain » en a été impacté, comme tous les autres projets Erasmus+.
Après avoir passé plusieurs mois à organiser la coopération et le montage des mobilités, ateliers d’apprentissage et évènements de dissémination prévus en mars- avril – mai, il a fallu y renoncer et nous apprécions que ce site internet puisse être l’occasion de diffuser les travaux des productions intellectuelles, notamment la matériauthèque, dont les rayonnages ont continué à être alimentés. Plus d’une vingtaine de titres nouveaux y sont présentés. Il a fallu revoir la stratégie et s’adapter au confinement et à la fermeture des bibliothèques, centres documentaires et librairies : c’est pourquoi nous avons choisi de privilégier les ressources en ligne, en diversifiant les formats : formats audiovisuels, conférences filmées, films, articles et travaux universitaires, accessibles sur internet et si possible, bilingues.
Les premiers titres restent en lien avec l’actualité dans le temps du projet :
Autour de l’atelier « Zéro chômeur » qui s’est tenu à Hyères en janvier, sur le thème de « Habiter aussi au travail » dont les titres « Le Papier Mâché, un restaurant-librairie autogéré », « Godin » et « Le familistère de Guise » explorent les dimensions historiques du siècle passé et de l’effervescence autour de l’autogestion, en complément de celles racontées dans « scions travaillait autrement » et « aux entreprenants associés ».
Les travaux de l’observatoire des inégalités, dont « la précarité des femmes sur le marché du travail » suivent l’actualité de cette journée annuelle du 8 mars, dédiée à toutes les causes des femmes et au débat qui eut lieu à Hyères autour de la difficulté de l’accès au logement des femmes en situation de précarité. Là encore, on voit le caractère indissociable de la relation logement – travail, l’accès au logement étant un levier incontournable de l’insertion sociale, pour l’emploi, pour la vie. C’est aussi le sens de la conférence filmée de Philippe Defeyt lors du colloque organisé en 2019 dans le cadre du programme Interreg Défi Jeune : « le logement, tremplin vers la dignité ».
Autour de l’atelier itinérant du 2 février 2020, pour la journée mondiale des zones humides, nous avons tenu à faire une place à Habiter le littoral. – « la distance de la terre à la lune », c’est la mesure des 400 000 km de littoral, où l’on habite de plus en plus difficilement, face à la cherté de l’immobilier et la pression démographique, mais aussi face, demain, à la montée des eaux. « La presqu’île de Giens redeviendra une île » évoque cet avenir qui nous concerne tous et nous pose avec acuité la question « d’habiter ensemble autrement demain le littoral ». C’est aussi donner place à une part importante d’une ressource documentaire, souvent mal connue car non publiée et pas assez valorisée : la colossale matière grise déployée par les étudiants dans des travaux universitaires et mémoires de fin d’études. C’est le cas pour Claire Moissard de l’Ecole du Paysage de Marseille comme pour Guislain Baudelet de l’Ecole Supérieure d’Architecture de Lille, qui présente ici 4 des habitats participatifs du premier itinéraire culturel proposé dans le projet Cooper’actif. L’accès en ligne à leurs travaux permettront aux impatients d’aller directement au contenu détaillé.
Le film réalisé dans le cadre du projet Cooper’actif porte justement sur une des opérations analysées par G Baudelet : Anagram
Avec l’ouvrage « Une cité aux mains fertiles » de Béatrice Barras, se boucle la documentation d’un projet d’itinéraire sur la culture coopérative programmé au mois de juin
« Les coopératives d’habitation de Zurich, le laboratoire du logement » inaugure la série d’expositions virtuelles qui seront présentées ici. Le voyage de mai pour Strasbourg et Tübingen devait passer par Zurich et capitaliser cette expérience suisse de fabrique de l’habitat ! Merci à la Cité de l’architecture d’avoir mis en ligne dans leur intégralité les films et débats qui ont eu lieu pendant les trois mois d’exposition. La matériauthèque y donne accès.
L’article « L’habitat participatif en Europe » introduit aussi un des itinéraires culturels auquel se consacre ce projet. Vienne, Tübingen et Bruxelles en sont des étapes incontournables.
Deux films engagent un catalogue de la production audiovisuelle à laquelle il sera fait bonne place. De plus en plus de projets sont présentés par des vidéos, plus ou moins courtes, amateurs ou professionnelles : nous avons choisi de manière emblématique « Rue de l’Utopie » de Josiane Zardoya, l’un des films les plus récents dédié à l’Habitat participatif, diffusé en salle, sorti en 2019 et qui fut montré deux fois en avant-première, à Hyères et à Marseille, dans le cadre du projet Cooper’actif et des Journées Européennes de l’Habitat participatif. Le deuxième film fait écho à l’actualité des élections municipales qui venaient de s’engager en France et pour lesquelles l’association « Habitat participatif France » a choisi d’interpeller les élus avec un plaidoyer filmé. Faire écho à ce plaidoyer est plus que légitime à ce moment !
Nouveautés des films, nouveautés des livres : c’est bien aussi le but de ce centre de ressources virtuel que de suivre l’actualité des parutions, d’où la présentation de l’ouvrage « Les clés de l’habitat participatif », dont de larges extraits sont en ligne.
Enfin, nous l’avions annoncé, nous engageons cette matériauthèque à investir le champ de la pédagogie, sans oublier le jeune public, en invitant les lecteurs à explorer avec nous deux directions : celle de l’attention aux mots. L’abécédaire de l’habitat participatif auquel s’est consacré Ecohabitat groupé en 2014 ouvre une série de nombreux abécédaires de la ville et du logement que nous aurons le plaisir de présenter prochainement. Celle de l’attention aux livres d’enfants. Il a été sélectionné ici trois ouvrages parmi la centaine de titres où l’on parle aux enfants de maisons et de ville : « La maison des trente ans » est un exemple édifiant, dans tous les sens du terme, d’un ouvrage complexe, bâti pour cheminer de mille et une façons dans trente années de l’histoire d’un théâtre pour jeune public. Manière de rappeler aussi que le mot maison n’est pas exclusif du logement ni, pour le monde du théâtre, l’apanage de la Comédie Française. L’actualité de la fête du travail et des travailleurs permet de rappeler qu’au XIXe siècle, le premier mot pour définir ce lieu terrible où les machines broient les hommes, avant l’invention du mot « usine », était « la maison des tortures ».
L’imagier bilingue Français-langue des signes consacre un chapitre entier au vocabulaire de la maison et fait écho à ces mille mots. Il répond, à sa modeste mesure, à la dimension inclusive que veut garder ce projet et nous rappelle fort à propos que les images valent parfois mieux que les mots pour franchir la barrière des langues. Il nous emmène tout naturellement vers cet autre ouvrage, emblématique pour le projet, de Maya et Luc Schuiten, « la maison des papillons », où l’architecte visionnaire et utopiste, mondialement connu, s’adresse aux plus petits en leur dessinant une maison, – ça ne vous rappelle rien ? – rien que pour eux, un habitat partagé avec… les papillons
Avec le livre d’enfants, nous cheminons ainsi vers une des dimensions de la coopération à laquelle le projet Cooper’actif a choisi de s’atteler dans ses travaux et ses échanges : la coopération avec le vivant ; on habite avec… Le projet SAULE illustre combien l’habitat participatif s’est emparé de cette question du partage de la terre, au-delà d’un habitat partagé. C’est sur cette voie que nous emmènent aussi les travaux où est abordée la question foncière. En terme d’alliance ville campagne, comme le proposait le séminaire de 2016-2017 « Habiter, c’est aussi se nourrir » et en termes de bien commun, comme les initiatives de CLT, community Land Trust, pour concourir à sortir le foncier du marché spéculatif.
Un auteur en introduit un autre : naviguer sur la toile des internautes qui s’impliquent dans l’habitat partagé et la culture coopérative est infini… Si le confinement permet d’y consacrer du temps, apparait aussi en ces jours d’expérience nouvelle, toute une littérature consacrée à Habiter confinés. Le télétravail en devient une composante essentielle et renouvelle La question de la relation Habitat travail. Cette matériauthèque essaiera d’en rendre compte.