La mobilité des étudiants polonais à Hyères, en France, a eu lieu du 25 au 29.06.2019. Ce voyage a donné l’occasion d’échanges et de coopération entre quatre partenaires du projet (Zespol skol, Lycée LPO, CFPPA et MALTAE). Douze points de visite avaient été établis dans un programme cohérent, complet et diversifié. Au-delà de l’échange entre enseignants et étudiants des établissements partenaires, ce fut l’occasion pour les polonais de se familiariser avec le système éducatif français. Les élèves ont pu visiter les deux établissements partenaires : le Lycée professionnel LPO de Costebelle, et le site d’AGRICAMPUS, lycée agricole et horticole d’Hyères, où sont basés deux autres partenaires du projet, le CFPPA et MALTAE.
Le jeu de piste proposé par les élèves de Costebelle a permis d’en découvrir l’histoire et faire rêver les pensionnaires en montrant un internat aménagé dans un ancien « Grand Hôtel », où venait la Reine Viktoria au XIX e siècle. Ils ont proposé une exploration de la Provence par les odeurs, les goûts, les couleurs et les sons. Au Lycée agricole, les partenaires polonais ont découvert les plantes et les arbres qui poussent dans la région, vu l’importance des plantes acclimatées dans l’histoire et celle du potentiel du climat méditerranéen. Il leur a été présenté le sujet du rapport à la nature et au vivant, source d’inspiration et d’innovation face au changement climatique : innovation de la culture de la spiruline, apiculture et apithérapie, innovation des enseignements évoluant vers les métiers liés au sujet Santé/ Environnement : Naturopathie, herboristerie etc.
Ils ont découvert les plus beaux paysages terrestres et maritimes de la Côte d’Azur et du Var, en allant de la presqu’ile de Giens à l’Ile de Porquerolles et de la rade d’Hyères au Golfe de Saint –Tropez, avec une traversée du massif côtier des Maures.
Les conditions caniculaires du moment ont enrichi le séjour d’une expérience non programmée et parfois difficile du « vivre avec le climat », et pour des polonais, la découverte du climat méditerranéen. Choisir pour habitat pour le séjour un camping de bord de mer a permis de se baigner tous les soirs et de rééquilibrer inconvénients et avantages !!!
Ils ont pu découvrir les enjeux de la reconversion du patrimoine immobilier des sites de villégiature avec les exemples du Lycée de Costebelle, installé dans un ancien Grand Hôtel, et l’hôpital de San Salvadour, accueillant plus de 300 enfants polyhandicapés moteurs et cérébraux des Hôpitaux de Paris qui habitent un des plus beaux sites de la Cote d’Azur. Découvrir combien ces jeunes habitants habituellement si invisibles dans un paysage urbain ordinaire de la ville profitaient eux aussi des bienfaits du soleil, des bains de mer et du parc, où ils pouvaient parfois camper, fut un moment plein d’émotion. Il ouvrait à réfléchir à la notion d’altérité, à comment bien vivre avec ceux qui sont différents, ceux porteurs de handicap.
Au pied de San Salvadour, la visite des ruines de l’ancienne ville antique d’Olbia, qui devait protéger la route commerciale vers Marseille à l’époque grecque, permit aux étudiants polonais de découvrir un pan de l’histoire de cette colline.
Une intéressante comparaison à 2000 ans d’écart des trois communautés sur la même colline permit d’aborder les questions démographiques d’un habiter collectif : 800 élèves à Costebelle, 800 habitants à Olbia, 600 élèves sur le site d’Agricampus et 600 habitants patients résidents et soignants à San Salvadour.
Les lectures de paysages depuis la table d’orientation de Notre-Dame de Costebelle, la terrasse de la villa Lefèvre et la journée passée à l’île de Porquerolles, avec la traversée en bateau et la visite de son conservatoire botanique, ont tenté de faire comprendre les problèmes environnementaux des zones côtières et insulaires, de Hyères et de la Côte des Maures.
Un trop rapide échange autour du projet de Bande Dessinée a néanmoins permis de prendre la mesure du potentiel des ouvrages prêtés par la Médiathèque d’Hyères, qui avait mis à disposition une quarantaine d’ouvrages BD et livres jeunesse, où voir comment y était traité et dessiné l’habitat dans le monde entier, dans l’histoire et dans la science-fiction. La coopération future par les réseaux sociaux et e twinning a été programmée.
Les organisateurs ont offert de nombreuses occasions de visiter différents lieux de vie et de travail en coopération, comme le jardin bio solidaire associatif JHADE : les étudiants ont été initié au principe de la culture en biodynamie, et ont expérimenté, en ateliers, la peinture écologique et la fabrication de clôtures en cannes de Provence tressées. L’accueil, qui était le thème décliné dans l’organisation du circuit de visites, a toujours cherché à lier apprentissage pédagogique et plaisir : Un concert et une soirée pizzas bio cuites au feu de bois ont clôturé la journée d’ateliers au jardin participatif.
La dernière journée, la veille d’un départ à 2h du matin pour l’aéroport et l’avion du retour, a malheureusement été la plus chargée alors que la canicule était au plus fort. La route de la Côte a permis d’en apprécier les paysages mais de comprendre les difficultés de circulation et donc les questions de saisonnalité : «on habite pas pareil en été et en hiver ! Ici, tout déplacement prend deux à trois fois plus de temps l’été ».
Une surprise non prévue au programme fut de découvrir l’architecture moderne d’une villa de bord de mer, maison privée d’architecte. Inscrite au patrimoine de l’architecture moderne du XX e siècle, cette maison déjà construite il y a plus d’un demi-siècle, présente toutes les leçons d’une architecture bioclimatique et économe, qui construit en matériaux locaux, en ne consommant presque pas de foncier et en préservant les arbres existants, et qui tire parti de tout le potentiel du site : mer, soleil, ventilation, vue etc… de quoi faire rêver aussi et montrer que c’est possible, avec des choses simples.
L’établissement ECCE TERRA a permis de découvrir que les projets coopératifs ne concernaient pas seulement le logement mais pouvaient mobiliser les citoyens dans le développement local et la création d’emploi , en ouvrant des perspectives éthiques et écologiques, comme accueillir et donner du travail à des migrants et offrir de la nourriture saine et locale.
Les écohameaux de Combes Jauffret à Ramatuelle et de Bois de Brindille au Cannet des Maures ont permis de découvrir deux processus de conception et mise en œuvre d’habitat groupé : l’un par les acteurs institutionnels, municipalité, bailleur, opérateur privé et l’autre, à l’opposé, par un groupement d’autopromoteurs-autoconstructeurs. Le chantier de montage de murs en brique de paille a été reporté à une prochaine visite !!! il faisait 40 degrés ! le bain du soir a été apprécié !
En conclusion, par les contacts directs et écrits avec leurs pairs français, les élèves (ainsi que les enseignants) ont non seulement amélioré leurs compétences linguistiques, mais ont aussi acquis des connaissances nouvelles, fait des rencontres attachantes et même noué des amitiés durables. Grâce à eux, et aux bénévoles qui ont bien voulu jouer les interprètes, ils ont eu l’occasion de découvrir la culture et le mode de vie du pays partenaire, d’échanger leurs points de vue, de briser les barrières intérieures et de surmonter les stéréotypes et préjugés nationaux. Sur le sujet de l’habitat, le périple a permis d’aborder toutes les échelles, de la maison unifamiliale au territoire d’une aire régionale, en passant par des communautés de 10 à 10000 habitants. Ce séjour a permis aux enseignants d’enrichir leur travail en échangeant des expériences et en apprenant à connaître des formes intéressantes de travail avec les jeunes. La semaine de mobilité des projets à Hyères a été l’une des expériences les plus intéressantes pour les étudiants polonais.