Troisième du rassemblement opéré pour cette materiauthèque, autour de mots de l’habiter, que ce soit à l’échelle du logement ou celle de la ville, le livre, véritable somme, utilise là encore l’arbitraire des lettres de l’alphabet pour proposer un itinéraire, un cheminement dans une pensée.

Au – delà de l’intérêt du sujet de la ville et du projet urbain, au – delà de la valeur de l’auteur de cette pensée, c’est aussi pour l’intérêt de la démarche que ce choix s’est fait. Isabelle Chesneau explique le pourquoi de sa méthode d’entretiens « Ce type d’échanges, ordinaire et pourtant essentiel, constitue, comme on le sait, le sens premier du mot « Réflexion » : Réfléchir, c’est renvoyer sa pensée vers autrui, produire un échange, pour que les choses vous reviennent finalement. Dans cette activité réflexive, le dialogue est une médiation importante. …. »

L’originalité de la méthode est donc que les mots arbitrairement choisis ne sont pas seulement ceux offerts pour guider le lecteur mais ceux de la construction de la pensée : « l’interlocuteur représente un miroir, mais un miroir déformant qui oblige à préciser les explications, recommencer les démonstrations, chercher des exemples… afin que le message émis se superpose, après bien des détours, à celui reçu. Plus que d’écoute, c’est bien d’apprentissage et de transmission dont il s’agit !

Nous notons que le chemin des mots choisi pour conduire cette réflexion sur l’urbain (et les urbains que nous sommes) ne croise à aucune lettre les mots de l’abécédaire de la maison !

Marcel Roncayolo est un urbaniste et géographe français né en 1926 à Marseille. Ancien directeur adjoint de l’Ecole normale supérieure de Paris, directeur d’études à l’Ecole des hautes études en sciences sociales et professeur émérite à l’université Paris X – Nanterre, il a fortement marqué la géographie urbaine française. Il a dirigé de 1991 à 1994 l’Institut d’urbanisme de Paris.

Spécialiste de la ville de Marseille, il a cherché à introduire de manière critique les principales théories anglo – saxonnes et européennes de la ville, faisant la synthèse des grandes écoles d’urbanisme et de géographie urbaine du XXe siècle.

Dans ses études de la question urbaine, Marcel Roncayolo intègre souvent les apports de la démarche historique, ce qui explique ses collaborations importantes avec des historiens spécialistes de la ville. Il entend en effet montrer que les évolutions et les aménagements urbains ne dépendent pas seulement du marché ou de la politique municipale mais de facteurs multiples qui doivent être pris en considération dans leur épaisseur temporelle.

Pour lui, l’urbanisation est avant tout un phénomène culturel, il affirme dans son célèbre ouvrage ainsi que si un humain sur deux vit dans une ville, tous les humains sont des urbains d’un point de vue culturel.