Ce texte, qui fut d’abord l’objet d’une conférence, a pour but de présenter les « promenades urbaines », la naissance de la structure éponyme, mais surtout ses objectifs et ses méthodes et d’abord les questions sous tendues par l’exercice : celle de l’évolution des métiers de ceux qui fabriquent la ville, avec ces nouvelles pratiques de médiation dans les domaines de la ville, du paysage et de l’architecture; celle de la place donnée au citoyen, et de sa reconnaissance comme partie prenante ; celle des ruptures dans une « époque de la mondialisation où l’espace-temps éclate, les villes s’étalent, explosent et se fragmentent… », ce qui rend complexe la lecture du des paysages produits. Un dispositif pleinement inscrit dans la construction « d’une démocratie participative, autonome et ouverte », à l’heure où se recomposent le rapport ville/campagne, les frontières Paris/banlieue et la complémentarité musée/territoire.

Au-delà de ces questionnements toujours plus actuels, au regard de la place grandissante de la mobilité dans la société, l’exposé a le mérite de resituer cette pratique dans la genèse des promenades, celles du XIX e siècle qui sont la raison des compositions de parcs et jardins, et plus avant dans les exercices des pèlerinages sacrés, arpentages militaires ou marcheurs solitaires du romantisme. Plus inédite et plus près de nous, cette mise en contexte éclaire sa filiation avec l’histoire des actions culturelles et sociales, engagée au Front populaire, qui se poursuit après-guerre avec la naissance de l’éducation populaire, puis dans les années 70, avec les premières expériences de démocratie participative, la naissance des CAUE … jusqu’à la restitution – qui vaut archive – des échanges en 1985 avec Paul Delouvrier, lors du chantier de la Cité des Sciences et de l’Industrie à La Villette sur « l’apprentissage de la lecture de la ville », puis enfin la mise en route de la préfiguration de la Cité de l’Architecture et du Patrimoine et de sa cohabitation avec le centre Pompidou. « Vous aurez toujours les territoires, bien ou mal aménagés, et vos visites de terrains, vos découvertes de l’environnement construit, et aussi la rencontre avec les gens qui y vivent. Mais il faut que la vie et la ville se conjuguent, et de cela nous sommes responsables… »

L’article est le texte d’une conférence, partiellement réorganisé et révisé grâce à l’aide de Mme Aouregan Catherine. La mort inattendue de l’auteur, le 10 décembre 2011, a empêché que son auteur le remanie personnellement. Pour cette raison, et par respect envers sa pensée vibrante et multiforme, le style oral du texte a été modifié seulement dans les cas où le clivage avec les attentes de l’écrit était trop profond. La publication de cet article est donc non seulement l’occasion du surgissement de questionnements et discussions sur la relation entre éducation et architecture, mais c’est aussi un hommage à son auteur, cette personne profonde, forte et courageuse –Sit tibi terra levis. AV

Si le sujet traité et la manière dont il est traité font de cet article une référence des plus pertinentes pour concevoir un itinéraire ou une promenade dédiée à « apprendre à lire la ville, l’espace, le construire », sa place dans cette matériauthèque est aussi, à notre manière, un hommage à son auteur et aux promenades urbaines que MALTAE a accueilli en 2010 sur « le territoire de pédagogie du littoral varois » pour une promenade estivale en architectures littorales…