ECM-0041
L’habitat groupé autogéré à Villeneuve d’Ascq, Des utopies participatives à la gestion du vieillissement

Nature Mémoire de fin d’année  d’étudiant en architecture, publication numérique
Titre L’habitat groupé autogéré à Villeneuve d’Ascq, Des utopies participatives à la gestion du vieillissement
Auteurs Guislain Baudelet
Date de publication 2017
Nombre de pages 273p
Pays France
Editeur Ecole Nationale Supérieure  d’ Architecture Lille / Fondation Remy Butler
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Lieu de consultation ou mode d’accès internet
Note argumentaire de la contribution
Alors que l’opération d’Habitat groupé choisie pour la réalisation du film documentaire « Retour sur site », dans le cadre du projet Cooper’actif « Habiter ensemble autrement demain », est celle d’ANAGRAM, à Villeneuve d’Ascq, opération historique dans la genèse de l’habitat participatif, l’Ecole Nationale d’Architecture de Lille, à notre demande, nous indiqua une ressource documentaire de grande qualité dans le mémoire réalisé par un de ses jeunes étudiants, en 2017. Ce travail a été récompensé et nous parait mériter une première place dans la matériauthèque du projet Erasmus+, d’autant qu’il est accessible à tous en ligne dans son exhaustivité, rare privilège pour un mémoire d’étude. Il fait le tour de quatre opérations d’HP, appelé dans les années 1980 « HG » – Habitat Groupé – en resituant bien (comme Pierre Lefevre à Evry, cf ECM n 0003) leur émergence dans le contexte de la création de la ville nouvelle de Villeneuve d’Ascq ; Il suit l’évolution des motivations sociétales de l’Habitat groupé, désormais appelé « HP », Habitat participatif, depuis les utopies participatives, jusqu’ à la gestion du vieillissement, comme le décrit le sous-titre donné à ce mémoire.

Comme pour le projet Coopératif, un des points de départ du mémoire de Guislain Baudelet (G. B.) est le constat que l’architecture parait être le parent pauvre, l’oublié de l’Habitat participatif (cf extrait 1). G B se propose d’étudier l’innovation architecturale des quatre opérations de HP de Villeneuve d’Ascq en se basant sur la définition du Plan Construction, pour lequel l’innovation architecturale peut être vue sous quatre angles: « la qualité sous ses différents aspects formels et fonctionnels (…), l’adéquation à la demande sociale et aux nouveaux usages de l’habitat, le progrès technique, le processus de conception et de réalisation ».

Ainsi, pour l’auteur, l’innovation dans le cas des Crieurs réside dans l’adéquation à la demande sociale, pour Hagrobi, il s’agit d’un progrès technique, et Anagram innove dans le processus de conception. Mais au-delà de la description des habitats groupés autogérés de Villeneuve d’Ascq, il s’agira également de comprendre leur histoire en les replaçant dans le contexte de la ville nouvelle. Ce « tableau historique » est enrichi de l’analyse d’un groupe actuel, les ToitMoiNous, pour y ajouter le passage du passé au présent.

[…L’habitat groupé autogéré dénonce et propose de repenser le système de production de l’habitat. La société idéale proposée par la ville nouvelle est une société de bon voisinage, basée sur des rapports de convivialité : « la ville nouvelle suit des valeurs parfois utopiques en étant attentive à la qualité des espaces de proximité en vue de favoriser le bon voisinage ». Le « voisinage » est aussi défendu par le MHGA dont le deuxième objectif inscrit dans sa charte est de « rechercher des formes d’habitat groupé conviviale…]

Le rapport entre Habitat groupé autogéré et architecture utopiste   est analysé, en citant Philippe Bonnin : « on ne peut manquer de remarquer les profondes similitudes entre ces phénomènes de groupes d’habitat autogéré et d’autres antérieurs qui portent les noms de Castors, Godin, Considérant, Fourrier, sociétés Taisibles…

En conclusion, après avoir longuement étudié le quatrième projet TOITMOINOUS, témoin des enjeux contemporains, l’auteur interroge la capacité de l’innovation architecturale à résister à une tendance à l’uniformisation, conséquence de la transformation de la production des habitats participatifs d’aujourd’hui, où est devenue incontournable l’entrée des nouveaux acteurs tels les bailleurs sociaux et les collectivités.

Pour dépasser certains parti pris « entiers » de l’auteur, qui traduisent une radicalité de jeune architecte engagé, comme l’accusation de la récupération de l’HP par les promotion privée ( cf citation :  « Dans le cas d’un projet d’habitat participatif en lien avec la promotion immobilière, les bénéfices issus du regroupement ne profitent plus à la qualité de l’habitat mais au chiffre d’affaires du promoteur ») ,  Il faudrait poursuivre  cette étude par des entretien avec les architectes  des opérations d’ HP d’aujourd’hui pour répondre à cette interrogation. Le constat de l’inévitable introduction des acteurs traditionnels du logement, (si l’on veut que les expériences d’HP sortent de leur marginalité numérique, pour « changer d’échelle » et devenir véritablement la troisième voie du logement qu’elles revendiquent être), impose de resituer l’exploration de Guislain Baudelet dans une étude plus large, sur la place de l’architecture, de l’innovation architecturale et de la qualité architecturale dans la production du logement. Hors, elle existe bel et bien et le changement des acteurs et d’échelle ne devrait pas être un frein à leur déploiement !

Le mémoire de Guislain Baudelet vaut également pour sa bibliographie, qui atteste d’un travail de niveau universitaire bien documenté et le partage de sources par la publication de 90 pages d’annexes, qui s’ajoutent aux 173 pages du mémoire.

Le caractère remarquable du travail a été primé par la fondation Remy Butler pour l’architecture : fondationremybutler.fr/fr

Abécédaire
1980/2017 – ANAGRAM – ARCHITECTURE – CRIEURS – ECHELLE DES USAGERS – EPALE – FRANCEGESTION DU VIEILLISSEMENT – HAGROBI – INNOVATION ARCHITECTURALE – MHGA – TOITMOINOUS – UTOPIE PARTICIPATIVE – VILLENEUVE D’ASCQ